Les machines à bonheur

Carrot cake à tartiner
crémeux épicé boisé


    Le carrot cake, on ne l'apprécie pas, on ne l'affectionne pas, on n'en raffole pas, on ne l'aime pas. Le carrot cake on l'adore. C'est comme ça. On ne peut pas faire autrement. C'est l'automne en une bouchée. Sans carrot cake, le temps est plus long. Parce que le carrot cake possède le monde. Le carrot cake règne. Alors on en mange partout. En tout lieu. A toute heure. Sous toute forme. On voudrait que le carrot cake soit infini. Comme les nombres. On voudrait parler de l'expansion du carrot cake. Comme l'expansion de l'univers. On sait que ce n'est pas possible alors on en mange plus encore. On le reproduit aussi. C'est parce que le carrot cake nous réclame plus qu'on ne l'appelle. Mange-moi, mange-moi, qu'il dit. Qu'il crie. Qu'il supplie. Le carrot cake on l'adore. Sous toute forme.

L'appel du cookie

Cookies au chocolat noir et pâte d'amande
fondant beurré chocolaté croustillant moelleux boisé


    D'abord croustillants à l'orée, puis à la cime, et tant moelleux au cœur. Un parfum beurré, boisé, chocolaté. Ces cookies nous ont conquis.


Le soda bread de Leopold Bloom et Stephen Dedalus

Soda bread ou wheaten bread irlandais
dense croustillant croquant moelleux boisé


    "La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la cordillère des Andes.
    Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
    Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable…
    Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation."
    Francis Ponge, "Le pain", Le Parti pris des choses, 1942

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    J'aime le pain. J'aime son odeur qui se balade dans la rue les jours de pluie. J'aime son parfum lorsqu'il vient de sortir du four, qu'il est encore chaud. J'aime les couleurs dorées de sa croûte bien cuite, ses nuances, sa beauté. J'aime écouter la musique de sa croûte, les chuchotis de sa mie. J'aime quand sa croûte croustille ou croque sous la dent et tranche avec le fondant de sa mie alvéolée. J'aime sentir le pain, le voir, l'entendre, le toucher, le goûter.

    J'aime le pain et j'admire les artisans boulangers, les vrais, les maîtres. J'aime aller dans ma petite boulangerie à moi, celle sur la place à deux pas de mon toit, installée à côté de cette épicerie qui vend du fromage de saison, à l'ombre de l'église. Que le soleil réchauffe mon cœur ou que le froid fâche mon humeur, j'aime attendre mon tour à l'extérieur de la boulangerie alors que certains de ses amoureux sont arrivés avant moi, parfois même leur chemin est bien plus long que le mien. J'aime entrer dans ce lieu où le temps s'arrête, où les arômes de fruits secs, de beurre ou encore de châtaigne embaument l'air, vos narines et vos poumons, où les confitures, les biscuits, les différents pains, pâtisseries et viennoiseries font rêver vos papilles. J'aime leur simplicité restée même avec l'arrivée du col bleu blanc rouge il y a plus de vingt ans, j'aime leur gentillesse, leur authenticité et leur sincérité, qui se retrouvent dans leur travail, leur passion, leurs produits, qu'ils aiment et chérissent. J'aime ma petite boulangerie.

    Parfois, heureusement, ma petite boulangerie et son équipe se reposent. C'est le moment où l'irish soda bread trouve sa place dans mon foyer. Parce que le pain, j'aime parfois aussi le confectionner. Doté d'un fort caractère, le soda bread irlandais est d'une simplicité et d'une sincérité étonnantes. Ni levure, ni levain, ni pétrissage, ni levée. Farine, lait ribot, bicarbonate de sodium, sel. Un bref mélange, un façonnage sommaire, une croix à la grigne pour, relate-t-on, faire fuir le diable, une mise au four. Une pincée de patience pendant que le pain lève grâce à l'union du bicarbonate et du lait ribot... Dégustation... Appréciation. C'est tout.

    Sa croquante croûte et sa mie, dense et moelleuse à la fois, ont de quoi vous dorloter. Régalez-vous en le jour même, avec du sucré comme du salé. Ici, on le préfère bien grillé, avec du beurre aux cristaux de sel et de la confiture.

Les scones de Gulliver

Scones au Roquefort et deux sésames
fromager moelleux beurré croustillant boisé


Un carrot cake nommé désir

Carrot cake aux noix, noix de coco et lait ribot
fruité fondant épicé moelleux boisé


    Lors de la réalisation d'un carrot cake, j'aime avant tout que le parfum des épices vienne séduire mon odorat. J'aime le moment où la coction de ses automnales senteurs exhalent la pièce, lorsque les effluves attisent mes papilles et enflamment mon cœur. Une fois cuit et ôté de son moule, j'aime deviner par le toucher son incroyable moelleux, j'aime découvrir son âme à la découpe, y percevoir les orangées, imaginer l'artifice et la douceur qu'elles apportent. Alors en tranches, j'aime observer son caractère douillet, respirer ses arômes, connaître sa tendresse sur mes lèvres, j'aime goûter sa générosité.

    Aujourd'hui, l'huile a été détrônée par du lait ribot afin d'apporter un moelleux que lui seul ne peut offrir et de la farine de coco a été ajoutée pour l'enrichir d'une légère saveur coco. Le tout a accueilli des noix torréfiées et des carottes râpées de deux différentes façons pour obtenir un carrot cake avec une texture fondante des plus irrésistibles.